Janvs - Vega (2008)

Tracklist :

Torri di Vetro
Saphire
Tarab
Dazed
Mediterraneo
Vega
Vesper II

Déjà le troisième album pour Janvs. Qu'en est t-il après le très prometteur Fvlgvres, sorti à peine un an avant ? Le soleil s'élève au delà des collines et pénètre de ses rayons ardents les bourgeons verdoyés dont l'expansion paraît fulgurante : Vega, véritable voyage spirituel, nous transporte. Chronique d'une expérience musicale atemporelle...

Difficile de savoir par ou commencer tant la musique de Janvs recèle de subtilités. Tout d'abord, le chant clair italien de Vinctor (que je trouve assez proche de Andrea Ferro, chanteur de Lacuna Coil) à la fois sublime et solennel, juste murmuré (Vesper II) ou parfois hurlé (typé black metal) est accompagné de lentes mélodies à peine perceptibles car timides, telle une brise champêtre et légère qui soulève les feuilles, une osmose à la nature, des affluents coulent et fondent sous un soleil ponceau qui calcine et télescope la roche déjà incandescente. Vous l'aurez compris, Janvs officie dans une sorte de black metal atmosphérique et mélodique, aux contours pittoresques, sans réellement imposer de frontières à son art. Présentation faite, il est l'heure de regagner la surface... Je laisse mes empreintes dans ce se sable fin qui flotte dans l'air ambré, telle de sublimes mélodies épiques qui savent rester furieuses et dont la suspension varie comme l'illustre de nombreux changements de rythmes inattendus (Mediterraneo), eux mêmes souvent coupés par de nombreux passages en clean à deux guitares ou autre solis à couper le souffle (Torri di Vitro) qui démontrent un réel souci de recherche. J'atteins ensuite les hautes sphères d'éden d'où je peux entendre des ambiances reposantes et éthérées dans une veine progressive et mélodique (Saphire & Vega) qui s'intègre bien à la base black metal atmosphérique de Janvs. Mainte fois mon périple se coupe par des intermèdes (Dazed) dont la magnificence est au delà des mots, dépassant l'imaginable. Et pourtant, je réatéris brutalement sur le ciment encore chaud avec Tarab où le trio montre qu'il sait nuancer sa musique avec un gros mid tempo dévoilant un côté expérimental et impressionnant, subordonné de mélodies étranges et d'une voix d'outre tombe qui mettent mal à l'aise. Je finis par alors chuter du haut d'une colline dont la profondeur m'apparaît vertigineuse sur Vesper II (qui comprend des parties solo à couper le souffle) mais ce n'est pas grave, je suis immortel et je peux m'abandonner pendant ces onze minutes à toute sortes de rêveries mélancoliques, accompagnées de mélodies ignées qui brûlent flegmatiquement sur les épis desséchés, de passages atmosphériques ancrés dans un post rock original et fouillé (guitares en clean, piano...), faisant planer mon être dans les voûtes célestes d'un bleu aveuglant où les nuages ne sont plus. Je n'ai rarement entendu d'ambiances aussi intenses, variées et complexes.

Mixe de mille influences, allant du post rock au black metal en effleurant les sphères de l'ambiant, Vega s'impose comme un véritable ovni n'épargnant aucun style. Il est tout aussi complexe qu'original, avec bon nombre d'arrangements subtils voir même, sans prétention aucune, expérimentaux. Janvs réussit la gageure de proposer une saveur différente pour chaque titre tout en gardant une cohérence frappante entre eux et ce malgré la langue italienne qui apporte finalement une certaine fraîcheur, surtout avec l'alternance du chant clair et du chant black. Pour tenter de résumer Vega - aussi impossible que cela soit - il s'avère être un mélange varié et transcendant qui s'impose comme un vecteur de traumas et de panoramas chimériques qui font rêver. Encore et bien plus encore.

Abyssos

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