Difficile de présenter ce groupe sans passé marquant ni actualité croustillante. On accède d’abord à ce groupe d’aliénés suédois par une pochette en noir & blanc, presque une esquisse, un logo, un squelette, quoi de plus ? Et dès la première piste, on ne sait toujours pas à quoi s’attendre. « In Cosa Crede Chi Non Crede? », pouvant être traduit par « En quoi croit celui qui ne croit pas? » : une minute de piano, le titre (italien pourtant pour un groupe suédois) prend son sens, on écoute cette mélodie lassante parsemée de fausses notes, comme une berceuse languissante, on entre dans cette ambiance fatiguée, et on sent que ça n’a plus tellement d’importance, au final. Car l’introduction s’arrête.
La seconde chanson débute, des arpèges, spoken words en suédois, incitation à crier sa souffrance. On reconnaît là la froideur lourde et abattue à la Lifelover, moins agressive et sombre sur ce morceau. Ce doit être courant chez les Suédois…
On assiste pourtant à une voix beaucoup plus agressive, ensuite, sur ces « De Dekadentas Dikt » (I et II), elle ne vous donne plus envie de vous défenestrer, vous avez l’impression de vous faire engueuler ! Un excès de rage, comme si cette voix vous accusait de ses propres torts, de ses propres mots, et je serais étonnée d’être la seule à ne pouvoir résister à éprouver de la pitié pour cette pièce jouée pleinement dans mes oreilles. Mais finalement, on réfléchit au sens de cette « poésie décadente » (traduction de De Dekadentas Dikt), après avoir lâché la colère, le raisonnement vient. L’heure est au questionnement, à la gravité, autant pour le poids des conséquences que pour la voix qui se fait plus basse, moins criarde.
Je suis transportée dans cette fiction, cette demo s’écoule à merveille (si j’ose dire), mais, la chanson suivante ne commence plus par quelque arpège mélancolique. Encore un titre italien, Diviser pour régner. Première phrase de ce titre issue du Nouveau Testament, oui, intéressant, mais à part ça, qu’apporte cette chanson ? A ce moment-là, je crois que j’aurais pu me contenter des trois premiers morceaux, « Dividé et ímpera » sonne brouillon, comme une volonté d’affirmer son aspect black metal, mais la voix se situe à la limite du supportable, des riffs lassants pendant les deux premières minutes. Petite pause mélodique, puis reprise des mêmes riffs, un peu plus entraînants à force de les entendre, mais rien de transcendant. Où est la profonde neurasthénie temporaire dans laquelle on a osé nous plonger lors des premières pistes ? On écoute cette voix implorer Dieu de punir ses pêchés, de le détruire. Mais aucune pitié, aucune compassion pour cette âme perdue.
On atteint les limites de Sancta Poenas dans cet univers dépressif, on les dépasse même, on pourra apprécier un autre aspect lors de l’EP suivant, mais pour l’instant il nous reste les presque deux minutes d’outro. Et après ces 4 pistes où l’on entend parler de Dieu, on apprend que cette même voix affirme être Dieu (Jag är Gud), dans ces quelques mots de fin. Reste à savoir si Sancta Poenas a adapté une forme d’album concept à cette demo, ou s’ils sont vraiment illuminés.